Dans la tête du prof – Plaidoyer pour une école incarnée
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Lettre d’appui au projet de 18 logements avenue Péloquin
dans Ahuntsic-Cartierville.
Nous apprenions récemment, dans un article du Devoir , que
des citoyens avaient manifesté leur 1
opposition à un projet de 18 logements sur la rue Péloquin pour des jeunes en
difficulté de 18 à 25 ans.
Une pétition de 150 signatures avait également été déposée.
Le journaliste rapportait en terminant les paroles de Clément
Charette, chef de division de l’arrondissement, précisant que, depuis juin
dernier, la loi provinciale ne permet plus de faire un référendum pour des
projets d’habitation visant « l’aide et l’hébergement ». Ainsi, en dépit de l’opposition,
le projet a été adopté, car il répond à un besoin réel.
Malgré cette conclusion heureuse mais mitigée pour le
projet, nous, citoyens de Ahuntsic-Cartierville aimerions quand même faire
entendre notre position et souligner notre soutien à la réalisation de ce
projet, le croyant au contraire très important.
Même si nous pouvons comprendre un premier réflexe de
crainte chez les citoyens concernant de possibles actes de délinquance ou
d’intimidation troublant leur quiétude, nous ne pouvons en rester sur ce jugement
quand on prend davantage connaissance du projet.
Ainsi selon les témoignages, il est clairement établi que
les jeunes ciblés reçoivent déjà des services dans les ressources de la
communauté, qu’ils sont impliqués dans une démarche personnelle et ne seront dirigés
vers cette ressource d’hébergement que lorsqu’ils seront prêts à vivre cette
étape selon l’évaluation de l’équipe d’intervenants. De plus, il est admis que
ces derniers offriront un suivi 2X/semaine, ce qui permettra de désamorcer
toute situation problématique.
Enfin, nous connaissons cet organisme, il s’agit d’Héberjeune.
Nous nous devons de faire confiance aux compétences et au professionnalisme de
ses intervenants grâce à l’accumulation de leurs expériences terrains.
Comme l’ont souligné les différents intervenants, nous
pouvons observer dans le quartier comme partout ailleurs l’accroissement des
inégalités sociales, les effets de la crise du logement et le manque de ressources
adaptées aux besoins de ces jeunes.
Nous ne pouvons qu’être reconnaissants qu’une telle
ressource voie le jour, prévenant ainsi l’itinérance chez les jeunes et une
possible détérioration du climat social, en offrant une alternative responsable
dans un contexte de vie humaniste, à des citoyens qui en ont grandement besoin.
Par ailleurs, considérant que les besoins sociaux sont
grandissants dans le contexte actuel, nous souhaitons que davantage de
ressources alternatives soient développées. Nous espérons de tout cœur la réussite
de ce premier projet dans le quartier.
Nous vous ferons parvenir ultérieurement une liste plus
complète des signataires à cette lettre de soutien, qui circule encore parmi
nos réseaux.
Cette lettre est une initiative des membres du Collectif de
Convergence Citoyenne-Ahuntsic Cartierville (CCC-AC) et est signée par les
citoyens et citoyennes du quartier suivants (voir feuilles en p.j.) :
1 Marco
Fortier, « Des logements sociaux qui ne font pas que des heureux », Le Devoir,
samedi 2 et dimanche 3 septembre 2023.
Bilan de la première année du CCC-AC
L’année 2022-2023 peut être
considérée à juste titre comme fondatrice, dans la mesure où notre collectif s’est
doté d’un manifeste afin de définir son identité et sa mission, d’un logo, d’un
site internet et, grâce à la collaboration de Solon, d’un local, l’Espace des Possibles, où tenir ses
réunions.
Forts de notre manifeste, nous avons pu participer dès septembre à la Foire des possibles afin de faire connaître le CCC-AC et de présenter une première programmation d’évènements.
Pour une réduction des tarifs en transport collectif dès maintenant
Le premier juillet prochain, les tarifs de transport collectif subiront encore une augmentation. À Montréal, un aller simple passera de 3,50$ à 3,75$, ce qui en fait le titre le plus cher des grandes villes canadiennes. Pour les personnes à revenu modeste, cette nième augmentation représentera un frein à la mobilité. Il y aura néanmoins une bonne nouvelle pour les gens de 65 et plus qui résident à Montréal, ils auront dorénavant un accès gratuit au réseau de la STM.
Les actions de l’ACEF du Nord
Le 1er juin dernier à 8h00, se tenait, à la sortie du métro Beaubien, une distribution de simulacres de titres de transport sur lesquels était écrit au recto : TRANSPORT GRATUIT pour tout le monde. On pouvait y lire au verso : le transport en commun GRATUIT pour vivre dans la dignité et sauver la planète! Le tout portait la signature de l’ACEF (l’Association coopérative d’économie familiale) du Nord de Montréal avec ses coordonnées.
Cette initiative visait à informer la population d’une réelle volonté d’exiger des pouvoirs politiques de mettre de l’avant une telle mesure. Des pays et des villes, comme l’Estonie, le Luxembourg ou Kansas City, ont déjà opté pour la gratuité en transport commun.
L’ACEF a déposé un mémoire aux consultations de l’Agence régionale de transport de Montréal (ARTM) en 2019. Elle y développait tout un argumentaire pour défendre l’idée de la gratuité dans le transport collectif, une idée qui aurait mérité plus d’attention. En plus d’aider les moins nantis à boucler leur budget, cette revendication aurait le mérite de vraiment contribuer à la réduction des émissions de GES, le transport collectif représentant la meilleure alternative à l’autosolo.
Les GES augmentent
Avec l’évidence assez répandue des perturbations climatiques, dues en partie à l’activité humaine, il faudrait mettre en place des solutions novatrices dans l’immédiat. Ne plus attendre les fameux objectifs aux échéances quasi impossibles d’atteinte.
Collectivement, au Québec, nous n’allons pas dans la bonne direction. Nous pouvons lire les données régulières, comme en font foi les données récentes portant sur l’empreinte carbone des Québécois. Les émissions par habitant au Québec dépasseraient 5 fois l’objectif maintes fois répété de l’Accord de Paris qui suggérait de ne pas dépasser les 2 tonnes par personne. On est loin, voire même très loin, d’atteindre cet objectif avec les politiques actuelles.
La réduction dès maintenant
Alors qu’on entendait récemment que l’endettement des familles au Canada serait le plus grand parmi les pays du G-7, on pourrait contribuer à alléger ce fardeau par une mesure comme étendre la gratuité à tous pour les déplacements en transport en commun ou du moins pour convenir d’une modulation des tarifs basés sur les revenus.
Le 1er juillet, bien des gens auront à faire face à une hausse importante du coût des loyers qui sera combinée à la celle, substantielle depuis des mois, du prix des aliments. Cela représente un grand fardeau pour bien des gens. Comme durant la pandémie, des mesures d’aide concrètes auraient l’avantage de pouvoir s’appliquer rapidement si des décisions politiques courageuses survenaient. Il y aurait de surcroît une possible réduction des GES et de la pollution atmosphérique générée par le trafic incessant qui entraîne, jour après jour, des conséquences importantes sur la santé des Montréalais.
Pour dire NON à la hausse, une manifestation est organisée par le Mouvement pour un transport abordable (MTPA) et est appuyée par l’ACEF. Le tout se déroulera devant la Tour de la Bourse le 27 juin à 10h30.
Fernand Doutre.
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Notre dernière infolettre commençait en disant que nous avions
connu une forte hausse du nombre de sympathisants en avril. Et bien, nous
n’avions rien vu ! La hausse s’est poursuivie en mai. En fait, il y a eu autant de nouveaux sympathisants d’École
ensemble en mai qu’en septembre dernier, soit au moment de notre offensive électorale (réussie !) du
débat des chefs . Merci de continuer à recruter : vos contacts peuvent s’inscrire en ligne. * * * Déni ou courage Dans sa désormais célèbre entrevue au Devoir,
le ministre de l’Éducation Bernard Drainville a réaffirmé qu’il ne croyait
pas à l’école à trois vitesses, qu’il s’agirait d’un « raccourci
intellectuel »... Les réponses n’ont pas tardé. Trois sont à souligner. D’abord, celle de Camil Bouchard dans La Presse avec une
exceptionnelle lettre ouverte à son ancien collègue, Le courage de Gérin-Lajoie: Briser ce cercle exige d’un ministre de l’Éducation qu’il
reconnaisse le problème et tente de changer la donne avec courage.
Gérin-Lajoie n’en manquait pas. C’est un formidable modèle à suivre. Deuxième réponse, toujours dans La Presse, ce dessin du caricaturiste
Jacques Goldstyn : Et troisièmement, un texte de Pierre-Canisius Kamanzi dans Le Devoir, appuyé
par 25 autres chercheurs, Idéologie ou réalité, le système d’éducation à
trois vitesses ? Réalité, bien sûr : Ce n’est pas du tout une idéologie. Cette segmentation
constitue un problème réel qu’une société comme la nôtre, qui adhère à la
valeur de l’éducation comme le meilleur investissement pour former les jeunes
à “vivre ensemble” et à constituer une société de demain plus cohésive, doit
affronter. Vous savez probablement que le ministre Drainville a déposé le
projet de loi 23 qui annonce plusieurs changements : centralisation
du pouvoir, meilleure collecte de données, création d’un Institut national
d’excellence en éducation. Nous avons déposé un mémoire au sujet du PL23 (L’équité en éducation dans l’angle mort du PL23)
et nous avons été invités mercredi dernier à le présenter à la commission
Éducation de l’Assemblée nationale. Vous pouvez voir la présentation et les questions-réponses au complet sur
le site de l'Assemblée nationale, mais voici quelques extraits à
souligner: Des présentations comme celle-ci nous permettent de faire
avancer nos idées directement auprès des élus. C’est grâce à l’appui de nos
donateurs que nous pouvons continuellement progresser ainsi. Cette infolettre fera relâche pendant l’été, mais le travail continuera.
On vous en reparle à la rentrée ! Bon été, –École ensemble |
L’année scolaire 2022-2023 aura été fertile en
rebondissements. Si le processus de négociation des conventions collectives de
la fonction publique a déjà soulevé quelques polémiques, c’est surtout l’état
déplorable de l’école publique qui aura défrayé la chronique. La situation est à
ce point grave que deux projets parallèles de refonte du système québécois ont
vu le jour.
Une première initiative qui émane de citoyens propose de s’attaquer
au problème le plus important qui affecte l’école publique, c’est-à-dire la
ségrégation scolaire. Ce mal —bien connu de celles et ceux qui suivent
l’évolution de l’instruction publique — se manifeste par une école dorénavant à
trois vitesses et, de ce fait, profondément inégalitaire.
Il faut saluer les travaux menés par Parlons éducation[1] :
une initiative citoyenne qui émane d’un regroupement d’organismes
défendant une école équitable et de qualité. Les forums de consultation se sont
tenus ces derniers mois aux quatre coins de la province. Ils ont réussi non
seulement à remettre au centre de l’espace public la brulante question des
inégalités scolaires, mais ils ont ouvert d’importantes tribunes pour à la fois
discuter des problèmes du réseau et définir un nouvel idéal éducatif pour le
Québec. Cette heureuse initiative plaçant l’école au cœur de toutes les
discussions est un rare exemple de consultation de la population, ses
organisateurs aspirant à informer, mais aussi à s’inspirer des débats publics
pour réparer un système largement abandonné par un État qui en a pourtant la
responsabilité.
La seconde initiative appartient au ministère de l’Éducation
du Québec (MEQ). Ce qu’il est convenu d’appeler la réforme Drainville propose
non seulement d’accroitre les pouvoirs du ministre de l’Éducation dans
l’administration trop souvent opaque des Centres de services scolaires, mais elle
prétend opérer un tournant pédagogique avec la création d’un Institut national d’excellence
en éducation (INEE). En effet, ce dernier aurait pour but de faire la promotion
des pratiques innovantes en enseignement[2].
Ce changement de cap s’appuie aussi sur ce qu’on appelle les « données
probantes », à savoir un imposant corpus de recherches scientifiques et de
méthodes d’enseignement éprouvées qui sont susceptibles de donner une assise
plus solide au réseau d’enseignement pour accroitre les taux de réussite
scolaire.
Sans surprise, la réforme Drainville ne tient pas compte du
point de vue des premiers concernés, soit les employés du système d’éducation
et les citoyens, comme le laissait présager le refus du gouvernement caquiste
d’accorder la moindre attention aux forums Parlons éducation. En plus de
faire la sourde oreille aux appels à l’aide des travailleurs du système, le
gouvernement s’obstine à nier l’existence d’une école à trois vitesses. Ce
faisant, il espère probablement passer sous silence l’épineuse question du
financement public des écoles privées, une invraisemblable caractéristique du
système québécois qui explique en partie le piètre état des institutions
publiques québécoises comme ses résultats insatisfaisants en termes de diplomation,
d’abandon scolaire ou d’accès à l’enseignement supérieur.
Pour M. Drainville, le salut passe d’abord par
l’augmentation des pouvoirs du ministre, ce qui a été dénoncé comme une
tentative de centralisation du MEQ similaire à celle promue en santé. Pour le
moment, on semble croire, au MEQ, qu’un resserrement des règles de gouvernance
et un recours à la recherche de pointe en éducation devraient suffire à
améliorer les performances du système public sans qu’il soit nécessaire de
remettre ouvertement en question les équilibres actuels de ce dernier.
Comment tourner le dos à la réforme Drainville dès lors que
le ministre se réclame des fameuses données probantes que réclament de nombreux
chercheurs ? Des données dont on espère beaucoup afin d’améliorer les
performances scolaires du réseau québécois ? À cet égard, Normand Baillargeon,
spécialiste bien connu en matière d’éducation, déplore depuis longtemps le fait
que l’on fasse, au Québec, trop peu de cas des études scientifiques sur les
pratiques les plus efficaces en matière d’enseignement. Il ne faut pas
s’étonner que, dans sa chronique hebdomadaire au journal Le Devoir du 6 mai
dernier, il ait appuyé le projet du ministre. On conçoit mal en effet comment
M. Baillargeon aurait pu condamner un changement de cap en éducation qu’il
appelle avec conviction depuis des années.
Mais encore faut-il que le ministre actuel de l’Éducation
sache reconnaitre ce qu’est une donnée probante. De toute évidence, la négation
de l’existence de discriminations graves au sein du réseau public nous signale
les limites très réelles du MEQ en ce qui concerne, par exemple, la ségrégation
scolaire ou l’école à trois vitesses. Plus encore, il est légitime de douter
des prétentions du gouvernement à tenir compte des « données probantes » que
son Institut d’excellence pourrait recueillir. En effet, M. Drainville a
lui-même dénoncé le soi-disant « biais » des travaux du Conseil supérieur de
l’éducation (CSE) et les résultats des recherches du professeur Pierre Canizius
Kamanzi sur l’accès à l’enseignement supérieur des étudiants du secteur
régulier[3]…
On peut se demander si le désir de restreindre la mission du CSE n’est pas
plutôt motivé par son refus d’admettre que le Québec est, de toutes les
provinces canadiennes, la plus inéquitable en matière d’accès à l’instruction[4].
Qui plus est, il importe de tirer les bonnes conclusions de
l’analyse des données probantes. Sur ce dernier point, la chronique du 6 mai
dernier de M. Baillargeon laisse présager de nombreux tiraillements. Il
existe en effet de profondes divergences sur l’interprétation des données entre
les multiples acteurs du réseau, que ce soit au sein du ministère de
l’éducation lui-même, au sein des programmes universitaires de formation des
enseignantes et enseignants, des organisations syndicales ou auprès du corps
enseignant lui-même. Certains vont même jusqu’à remettre en question le recours
à de telles données, qu’ils associent à une approche comptable et utilitariste
de l’éducation. C’est peut-être à ces méandres que référait le titre du texte de
Normand Baillargeon : « La Révolution ne sera pas tranquille ».
En conclusion, les problèmes soulevés ces dernières semaines
au sujet du réseau d’éducation posent de sérieuses questions sur la viabilité
d’un système hérité directement de la Révolution tranquille. Le déficit
démocratique qui règne au sein de cette institution est considérable, ce que
nous rappellent les forums citoyens de Parlons éducation. Or le
gouvernement caquiste a préféré balayer du revers de la main cet exercice, ce
qui est révélateur du peu de cas que l’on fait de la parole citoyenne dans les
cercles du pouvoir.
Benoît Dugas et Renée-Claude Lorimier
Pour le Collectif de convergence citoyenne
Ahuntsic-Cartierville (CCC-AC)
[1] Un
regroupement d’organismes citoyens voués à la promotion d’une école équitable
et de qualité organise Parlons éducation. Ce sont Debout pour l’école!, École
ensemble, Je protège
mon école publique (JPMÉP) et le Mouvement
pour une école moderne et ouverte (MÉMO).
[2] Ce
projet n’est pas nouveau, car en 2017, le CSE avait publié un Mémoire sur la
création d’un institut national d’excellence en éducation.
[3]
Écouter à ce sujet, sur l’application Ohdio de Radio-Canada, le 5e épisode
du balado Chacun sa classe de Karine Dubois et Christine Chevarie.
[4]
Voir l’article « Le Québec possède le système scolaire le plus inéquitable au
pays », Le Devoir, 2019, qui dévoile les résultats d’un rapport du
mouvement École ensemble fondé sur des chiffres inédits de l’Organisation de
coopération et de développement économiques (OCDE).
https://journaldesvoisins.com/un-budget-de-150-000-pour-ameliorer-la-vitalite-des-rues-commerciales-hors-sdc/